Gerard Fromanger, La France est-elle coupée en deux ? 1974, huile sur toile.
Rencontre avec trois tables rondes, d'historiens d'histoire de l'art et d'artistes.
Le modernisme est une émancipation de la pensée d'origine de la Renaissance pour laquelle la peinture étaient dépendante de la littérature de la philosophie ou du religieux avec les peintures édifiantes. Les artistes ont dans leur invention formelle, leur style marqué l'affirmation de leur écriture face au narratif souvent imposé par le commanditaire.
Le modernisme a affirmé l'art indépendant de toute espace narratif, la peinture devient autonome de la littérature etc.. Espace géométrique dans laquelle la libération de l'artiste passe par le refus de toute figuration. Toute création sera centrée sur ses propres valeurs intrinsèques, autonomes, faites de lignes et couleurs pures. Par ses œuvres, l’artiste avant-gardiste participera à la transformation du quotidien dans un désir de changement social et la recherche d’un environnement nouveau et harmonieux pour l’homme contemporain.
La théorie de Platon avec la disjonction du sensible et de l’intelligible éclaire la pensée et le processus moderniste. Logos et muthos dialoguent et l’intelligible n’est accessible que par les symboles (figures autonomes qui ne sont pas des métaphores du monde sensible) et les mathématiques.
L'art conceptuel a souvent été reçu comme la quintessence de la pensée moderniste, sauf que Joseph Kosuth, Soll LeWitt ou le minimal Carl André dans leurs écrits n'excluent ni le narratif ni le contextuel.
Aujourd'hui la question du narratif est une évidence dans la production artistique en général et plus particulièrement en peinture, citons les peintre John Currin, DanielRichter, Neo Raush ou Jonas Burgert, Adrian Ghenie. En France cette question du narratif reste problématique, le rejet suprême pour une certaine critique, en art tout est possible sauf le narratif. Timidement sont concédés des possibles récits. La figuration narrative fut en son temps un contrepoint, voire un contre pouvoir à l'hégémonie moderniste triomphante.
L'objet de cette rencontre n'est pas d'étudier ce rejet typiquement français qui serait éclairant sur l'idéologie avec ses transparences et opacités, mais de définir le ou les narration(s) dans l'art et particulièrement en peinture et d'étudier ses formes diverses, intelligibles et sensibles.
Eric Corne
Conférences, "Sortir de la grille du modernisme, la Narration"