Bernard Piffaretti, Fairts divers et variés, 1996. ©Vue de l'exposition Galerie Jean Fournier, Paris
Christian Bonnefoi, Stéphane Bordarier, Bernard Piffaretti : ni école, ni mouvement, ni groupe ne réunissent ces trois peintres. Un constat, plutôt : tous les trois font des œuvres où ne se cachent ni l’ampleur du geste ni la vivacité du rythme qui président à l’apparition des formes. Formes « chaudes », en apparence, formes qui n’ont rien - visuellement - en commun avec la froideur, la maîtrise et la distanciation qui se figurent dans une abstraction plus géométrique.
On songerait à l’expressionnisme abstrait si, chez chacun de ces artistes, ce vocabulaire ne semblait pas avoir été désimprégné de la charge émotive, psychologique, physique ou même spirituelle dont l’expressionnisme l’investit d’ordinaire. Une peinture indifférente, en quelque sorte. En 1985, Yves Michaud parlait, à propos de Bernard Piffaretti, d’un « expressionnisme différé » 1. Différé, autrement dit : une peinture qui prend et rejette en même temps. Qui s’empare d’un vocabulaire, mais qui s’en empare en un geste sélectif, critique. L’expressionnisme moins quelque chose, donc… Les formes sont ici - littéralement - allégées de ce dont elles avaient la charge, dans leur contexte d’origine. Comme l’écrit Yves Michaud : « Le paradoxe de cette manière de procéder est que la démarche picturale, tout en conservant une force et une spontanéité complètes, n’exprime pas directement une volonté subjective et ne met pas en avant le peintre ».
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Pierre Wat - Comment la distance nous rapproche du tableau (fr)