Mitja Tusek, Tableau abstrait(TA 77), 1992-93, cire et pigment sur toile. Galerie Nelson, Paris
L’histoire de l’abstraction est celle de la récurrence de moments où sa pratique est liée à la volonté de produire des significations inédites, suivis ou précédés de périodes où elle devient avant tout un terrain de recherches formelles. Des pionniers à Abstraction-Création, de l’Expressionnisme abstrait au Minimal art, ces basculements sont réels même s’ils ménagent de nombreuses exceptions et tiennent plus d’un changement de priorités que d’une complète polarisation : à chaque moment, seuls les artistes académiques se laissent prendre au miroir aux alouettes de l’exclusivité de la forme ou de la signification (lors même que ces artistes se veulent post-modernes et espèrent ainsi avoir dépassé tout problème de qualité ou de lien à l’institution). Conformément à ces polarisations, il me semble que s’est dessinée depuis un peu plus d’une dizaine d’années une tendance forte à remettre en avant le problème de la signification de l’abstraction, soit en adaptant les modes de signifiances plus anciens à des significations nouvelles, soit en créant des modes nouveaux. Je ne prétends pas ici la constituer en un mouvement au sens propre du terme. C’est plutôt un ensemble de positions possibles dont je voudrais dresser une cartographie sommaire, qui laisse subsister terrae incognitae et domaines aux frontières indécises comme autant de gages de son ouverture.
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Eric de Chassey - Produire, abstraitement, du sens (fr)
Eric de Chassey - Creating Meaning, Abstractly (en)