L’objectif de ce colloque propose de se détourner de l’inexorable question, tant de fois ressassée, « Qu’est-ce que la peinture ? », pour s’interroger sur les manières dont elle se fabrique et se pense aujourd’hui avec ou sans le médium pictural, dans ou hors du tableau, avec ou parfois sans les peintres eux-mêmes.
Programme
9h15 Accueil
9h45 Ouverture du colloque
Odile Le Borgne (directrice de l’EESAB-site de Rennes)
Christophe Viart : « La peinture sans titre »
Modération : François Perrodin (artiste, enseignant à l’EESAB)
10h00 Benoît Maire (artiste) : « Peinture : Nuages indexés »
10h30 Dominique Abensour (critique d’art, commissaire d’expositions, enseignante à l’EESAB) : « Les alliances de la peinture et de la photographie »
11h Pause
11h15 Joëlle Le Saux (critique d’art, enseignante à l’EESAB) : « Érudition décomplexée et amateurisme savant »
11h45 Clément Rodzielski (artiste) : « Excès des surfaces »
12h15 Discussion
Déjeuner
Modération : Olivier Nottellet (artiste, enseignant à l’ENSBA de Lyon)
14h Marjolaine Lévy (critique d’art, commissaire d’expositions, enseignante à l’EESAB) : « Wade Guyton, Print it Black »
14h30 Christian Besson (critique d’art, commissaire d’expositions, professeur honoraire de la HEAD, Genève : « They’ve hung it upside down »
15h Pause
15h15 Élodie Lesourd (artiste) : « Témoin du crime – De l’hyperrockalisme à l’abstraction géométrique »
15h45 Guillaume Pinard (artiste, enseignant à l’EESAB) : « Du fennec au Sahara »
Discussion
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PRÉSENTATION DES INTERVENTIONS
Dominique Abensour : « Les alliances de la peinture et de la photographie »
Le couple historique que forment la peinture et la photographie doit sans doute sa longévité à une dynamique productive nourrie par la contradiction, la rupture, l’échange ou l’alliance. L’énergie qui circule entre les deux médiums est toujours active, ce dont témoignent de multiples démarches picturales et photographiques. Parmi celles-ci, certaines œuvres de peintres abstraits, tels que John Beech, Dominique Figarella, James Hyde et Gerhard Richter, méritent une réflexion sur leur utilisation de la photographie, lorsqu’elle n’est ni un modèle, ni une image source de la peinture mais une composante du tableau.
Christian Besson : « They’ve hung it upside down »
Dans le Daily Sketch de juin 1966, un visiteur affirme à sa compagne, devant un tableau cible, genre Kenneth Noland : « They’ve hung it upside down ». Le comique, ici, naît de la syllepse faisant coexister deux séries incompatibles : le ton péremptoire avec lequel un idiot sous-entend qu’il y un « bon » sens de la peinture contemplée, et l’absence de celui-ci – sa forme étant parfaitement circulaire.
Parfois, souvent, le bas vaut le haut, l’envers vaut l’endroit, le derrière vaut la face, la gauche vaut la droite, etc. Une œuvre doit-elle être accrochée à l’endroit ? C’est une simple affaire d’opinion. Le principe de l’équivalence universelle et de la conversion des contraires réduit une telle maxime universelle à un cas particulier. Car, pour parodier Alfred Jarry, on pourrait bien tenir l’accrochage à l’endroit pour le renversement d’un accrochage à l’envers, les lois qui régissent l’accrochage traditionnel « n’étant que des corrélations d’exceptions aussi, quoique plus fréquentes, en tous cas de faits accidentels qui, se réduisant à des exceptions peu exceptionnelles, n’ont même pas l’attrait de la singularité. »
Joëlle Le Saux : « Érudition décomplexée et amateurisme savant »
En 2002, Seth Price posait la question de l’art envisagé dans un champ élargi : de la possibilité de transplanter entièrement une œuvre dans un contexte étranger à l’art et pour l’artiste lui-même de se disperser dans de multiples domaines. Ces porosités n’ont cessé depuis d’être interrogées autant aux États-Unis qu’en France. La présentation d’un ensemble d’œuvres actuelles sera l’occasion de faire un état des lieux de ces pratiques qui dans le domaine de la peinture renouent aujourd’hui avec des fondamentaux : gestes, couleurs, styles, sujets tout en les disséminant dans tous les domaines de la culture. Ces artistes puisent leurs sources dans une joyeuse érudition décomplexée et sans limites, créant dans le même temps des constellations d’une redoutable précision.
Marjolaine Lévy : « Wade Guyton. Print in Black »
Wade Guyton se définit comme un peintre. Pourtant, ce ne sont pas les traditionnels outils du peintre – pinceaux, tubes de couleurs, palettes – qui envahissent son atelier mais d’immenses imprimantes Epson et des centaines de toners. Quel sens donner à cette peinture produite par la machine ? Si, à l’ère de sa reproductibilité technique, l’œuvre a perdu son aura, il se pourrait bien que, comme l’action printing de Wade Guyton nous le laisse entrevoir, les choses ne soient plus aussi simples à l’heure de sa sur-reproductibilité technique.
Élodie Lesourd : « Témoin du crime – De l’hyperrockalisme à l’abstraction géométrique »
Installé dans une démarche critique et conceptuelle, la peinture d’Élodie Lesourd s’appréhende également selon une perspective sémiologique. Entre hyperboles et geste minimal, son approche du médium est essentiellement analytique. L’hyperrockalisme, mouvement figuratif et séduisant en apparence, révèle, avec son pendant à tendance néo-conceptuelle, la complexité de la nature de son œuvre ; l’ensemble se déployant sous le jour d’une déconstruction de la culture populaire.
Guillaume Pinard : « Du fennec au Sahara »
Abeille, Andréa, automate, baigneuse, bas-relief, bébé, Bertrand, boum, caca, canard, Casper, chat, char, clown, coeur, conquête, crocodile, cygne, écoper, exode, France, futur, Gayeulles, gendarme, Héléna, homme, hospice, jaune, langue, Lendl, léopard, Léviator, lion, lionceau, long, Magicarpe, maison, marécage, masque, mexicain, momie, Munch, nez, nu, nuage, ours, papillon, patate, paysage, pêcheur, perche, perspective, petit, poisson, phasme, pipi, pisseur, Pyrénées, robot, Sasha, siamois, singe, slip, star, steak, surface, visa, visu, Yvan, yéti.
Benoît Maire : « Peinture : Nuages indexés »
La présentation partira de l’égalité conceptuelle : « toute peinture est une peinture de nuages ». Pour préciser les limites de cet axiome, on se demandera en quel sens la peinture d’une pomme sur une table ou celle d’un martyr traversé de flèches sont encore des peintures de nuages. On étudiera ce qu’est un énoncé conceptuel sur la peinture et ce qu’il nous permet de forcer. On questionnera ensuite la matière de la peinture, ses protocoles et sa cuisine. Une peinture est toujours un être qui vient dire « bonjour » au peintre quand elle est finie. Enfin on mettra en perspective ce que l’on peut faire avec une peinture, comment on l’accroche, ce que l’on fait de la visibilité qu’elle produit sur un mur ou dans un espace, dans une galerie ou ailleurs. Pour finir, on interrogera les enjeux de sa documentation.
Clément Rodzielski : « Excès des surfaces »
Alla prima sur disque dur, ampoules et pastels, bibi, Bigeonnette, capture d’écran, Cefalu etc, coin de table brisé, copy, corbeille sans fruit, Courbet couché, Danton triste, dégât des eaux, disques durs, fin (d’encre, de feutre) qu’une tortue coince, fusain sans fusain, Giverny, jardin secret, Jejjean Helionan Helionj, ministre Aurélie, monnaie fautée, partt, quatre visages sans visage, Raoul Dufo, rouge pantelant, le plein air, œil triste, rlrarll, Roland Garros 2222, rousseurs, tableau aveugle à un lord, the driller killer, verbatim, vert humide…